RUNSTATE TAPES

 

Certains groupes que j’ai beaucoup appréciés en me baladant sur BANDCAMP lors de soirées mélodieuses proposaient des demos provenant de ce label RUNSTATE TAPES de Montréal, Québec, dont je ne connaissais rien. Dernièrement, plusieurs de ces demos m’ont ensorcelé (FAZE, MULE, ULTRARAT, PARANOIA). Il me fallait me pencher au plus vite sur ceux qui se cachaient derrière ce nom. J’ai donc tout simplement proposé une interview, JP HEARSE a immédiatement accepté, immense fut ma joie. Les réponses furent à la hauteur de mes attentes, éternels remerciements à JP pour ce petit moment de vie passionnant, nous continuerons à suivre ce label unique, nous en parlerons lors de chroniques bouillantes. Interview réalisée en mai 2017.

 

1/ Petit historique du label ? Combien êtes-vous dans ce collectif ?

 

-Bonjour ! RUNSTATE TAPES a été fondé à Montréal en 2013 par moi même (JP), nous sommes présentement deux, Yannick (DRIP) et moi, nous ne sortons que des cassettes et nous sommes à l’aube de notre 50e parution.

 

 

2/ Quelle curieuse idée de monter un label de cassettes ! Quelles furent les motivations ? Le format cassette est-il en plein regain d’intérêt ?

 

-En fait, j’ai toujours été un grand fan de cassettes, et du son analogue. Au début, je me cherchais un médium pour produire le démo de mon groupe DETHFOX, sans plus, mais en même temps je me cherchais un nouveau projet alors une chose et d’autres, j’ai continué à produire des groupes que j’aimais. Au début, je visais 4 parutions par année, pas plus…

 

3/ A combien d’exemplaires sont copiées les productions ? Nombre fixe ou en concertation avec le groupe ? Y’a-t-il régulièrement des « repressages » ou est-ce un « copiage » unique et définitif ?

 

-En général on produit entre 50 et 250 pour les premiers pressages mais les groupes ont toujours le dernier mot, alors c’est du cas par cas. Certains aiment faire des éditions limitées et d’autres aiment en faire tant qu’on en produit/vend, dans ces cas,  il y a généralement re-pressage.

 

 

4/ Comment choisissez-vous les groupes que vous allez sortir ? Y’en a-t-il qui vous contactent d’eux-mêmes ? Si oui sont-ils nombreux à vous contacter ?

 

-La plupart du temps c’est par goût, on sort ce qu’on aime mais oui, nous avons régulièrement des soumissions.

 

5/ Il semble que la majorité des groupes de votre label soient situés sur Montréal, du copinage en fait ? Ou simplement plus pratique ?

 

-En fait c’est qu’il y a plusieurs bons groupes qui sont sortis de Montréal dans les dernières années (selon nous) mais c’est sûr qu’il y a le côté pratique.

 

6/ J’ai entendu dire que RUNSTATE TAPES et INEPSY avaient des liens familiaux ? Mon informateur est-il à prendre au sérieux ?

 

-Oui je suis le bassiste d’INEPSY

 

 

7/ Il n’y a pas une ligne musicale très définie ni unique dans le choix de vos sorties, j’imagine que c’est délibéré. Quel(s) style(s) refuseriez-vous catégoriquement de produire ?

 

-hmm bonne question !! Tout ce qu’on sort tourne autour de la scène punk DIY alors tout le reste j’imagine haha ! Il y a bien sûr des exemples évidents sur le côté « politique » exemple des groupes racistes/NSBM, etc.

 

8/ Les demos des groupes de votre label sont toujours d’une grande qualité, musicale comme au niveau du son, attachez-vous beaucoup d’importance au son ? Pour les groupes montréalais, vont-ils enregistrer tous dans le même studio ?

 

-Oui le son est important mais en général on fait avec ce que les groupes nous envoient. Il y a quelques parutions enregistrées par Jamie (F-Shack/SEXFACE), Max (ULTRARAT) et moi même (GHOST Studio).

 

 

9/ J’ai été littéralement enthousiaste par certaines démos que vous proposez : FAZE, MULE, PARANIOA, UTRARAT, OUTCRY, SEXFACE, DETHFOX. Toutes tirent une grosse inspiration de la scène internationale des 80’s (surtout britannique), c’est important pour vous cette époque (et la Grande-Bretagne) musicalement ?

 

-Oui beaucoup, toutes mes influences musicales viennent de cette époque, particulièrement la scène japonaise, britannique et finlandaise. Le son « Anarcho-Punk » britannique a d’ailleurs beaucoup influencé DETHFOX, et le son noise chaotique japonais a influencé PARANOIA.

 

 

10/ Concernant DETHFOX, c’est par ce groupe que j’ai découvert votre label. Je trouve leurs enregistrements prodigieux, pouvez-vous nous en dire plus sur eux et pourquoi vous avez apparemment sorti toutes leurs productions (si je suis exact) ? Existent-ils toujours ?

 

-Oui alors comme mentionné à la question 2 DETHFOX est mon groupe et la raison principale d’être du label. Nous n’avons produit que les parutions cassettes, le démo 2013 et une édition limitée de chansons « inédites » pour la tournée Américaine en 2015. Le EP a été sorti sous l’étiquette CHAOS RURAL. J’ai dû arrêter après notre retour de  tournée cubaine en décembre 2015 pour des raisons de santé et comme je n’ai jamais eu de musiciens stables pour ce projet, ça devient plus que jamais un projet solo. Mon intention est de reformer le groupe et possiblement repartir sur la route en 2018 ; d’ici-là, quelques parutions devraient voir le jour, j’ai encore 30 chansons inédites enregistrées de 2013 à 2014… C’est donc à suivre…

 

 

11/ Il me semble que les influences majeures des groupes de votre label se situent du côté de MOTÖRHEAD, CELTIC FROST, DISCHARGE ou encore RUDIMENTARY PENI. Ils semblent avoir compté  pour vous dans vos choix de productions, non ?

 

-Peu être inconsciemment oui, c’est ce qu’on aime et c’est 4 groupes qui ont été de très grandes inspirations dans la plupart de mes projets musicaux.

 

12/ Revenons à DETHFOX : Vous aviez produit leur EP, allez-vous dans l’avenir produire des disques ? Allez-vous mettre le projet cassettes de côté ?

 

-En fait CHAOS RURAL a produit le EP, nous sommes distributeur seulement. Nous n’avons rien produit d’autre que des cassettes, peut-être des disques dans le futur lointain mais pas maintenant, on fait exclusivement dans les cassettes. Notre distribution commence à s’élargir alors il sera prochainement possible de commander certains disques que nous distribuerons à partir de notre magasin en ligne et localement avec notre distro.

 

 

13/ Un petit mot sur la scène canadienne de 2017 ?

On a droit à beaucoup de nouveaux groupes cette année et ça ne fait que commencer ! On ne fait que penser à ODD, TIGHTLIPS, ULTRA RAZZIA, CELL, DECADES, PHOZGENE, ZYMOTIC, MØBLISH, INFECZION pour en nommer que quelques-uns.

La scène est motivée à faire bouger les choses et ça se sent. On a aussi la chance d’avoir d’excellents festivals un peu partout, tout au long de l’année.

 

 

14/ Il semble qu’il y ait de nombreux lieux pour jouer à Montréal, comment se porte l’organisation de concerts, est-ce facile de trouver des endroits ?

 

-Oui en effet, quelques bars et quelques salles DIY. La principale salle est Les KATACOMBES où a lieu chaque année l’excellent festival A VARNING FROM MONTRÉAL et la majorité des concerts punk en salle.

 

15/ Vous aviez sorti une cassette regroupant les deux premiers LP de THE KIDS, comptez-vous faire paraître d’autres vieux enregistrements ? D’autres anciens vinyles par le biais de cassettes ?

 

-Pas pour l’instant, mais peu être un jour, oui. Nous aimons nous concentrer sur les démos et nouvelles parutions de groupes émergents, c’est le but ultime de l’étiquette.

 

 

16/ Avez-vous des projets de sorties de groupes défunts ?

 

-Oui nous produirons sous peu le dernier album d’INEPSY que nous avions enregistré en 2009 à la même session que le dernier LP « Madness & Overkill ». Nous avons bien hâte que ce projet voie le jour.

 

17/ Faites-vous vous-mêmes les copies cassettes ou bien vous adressez-vous à une entreprise ? Comment ça se passe exactement ?

 

-Les 4 premières parutions ont été produites par une entreprise de duplication mais nous nous sommes rapidement équipés de duplicateurs donc maintenant on fait tout nous-mêmes, je peux dire qu’on est maintenant DIY presque à 100%.

 

18/ Les jaquettes des cassettes sont très soignées. Ce sont les groupes qui vous les proposent ou bien vous qui les choisissez ? Y’a-t-il déjà eu dans le passé des jaquettes refusées ?

 

-En général, ce sont les groupes qui font les « layout » mais j’en ai aussi fait quelques-uns pour des groupes qui n’ont pas l’équipement ou qui s’y connaissent moins en infographie. Aucune jaquette n’a été refusée, car nous avons comme philosophie de respecter l’expression artistique des groupes, alors du moment que ça respecte nos valeurs, c’est accepté.

 

 

19/ Avez-vous dans le passé déjà refusé des groupes à produire ? Si oui, pour quelles raisons ?

 

– Oui. Groupe(s) qui ne sont pas nécessairement de la scène DIY,  parce que nous n’aimions tout simplement pas leur matériel ou encore par manque de temps parce que nous en avons trop à produire ! Parfois, il faut dire non. Nous offrons un service de duplication alors nous faisons régulièrement des productions pour d’autres étiquettes ou groupes qui ne sont pas produits par RUNSTATE.

 

 

20/ Merci encore de vendre du rêve à nos oreilles, rajoutez ce que vous voulez.

 

-Merci pour cette super entrevue et longue vie à L’HIRSUTE !!!

 

**Entrevue faite par JP Hearse

 

http://runstatetapes.bigcartel.com/

 

 

 

 

 

(Warren Bismuth)