Jim HARRISON – « Un bon jour pour mourir »

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Deux gus, Tim et le narrateur, font connaissance lors d’une soirée sérieusement arrosée et décident d’aller dynamiter un barrage situé dans le Grand Canyon du Colorado. Bien sûr les préparatifs vont s’avérer bien moins simples que prévu, et ce pour plusieurs raisons : ces deux ecowarriors débutants aiment beaucoup la picole, la défonce en tous genres, et surtout la même nana prénommée Sylvia. A coup d’alcool, de joints, de pilules, le trio va se lancer dans une épopée sur les routes des Etats-Unis en pleines années 1960. Ils vont s’en mettre plein la panse, plein les narines, plein le foie. Il va leur arriver des histoires grotesques, loufoques, sombres parfois. Road-book décapant, déjanté sur fond d’émancipation de la jeunesse américaine, sorti en 1973, tenu d’une main de maître par un HARRISON dans une forme olympique : drôle, touchant, provocateur, tendre, il sait s’arrêter sur les paysages de rêves pour les faire partager, ces grands espaces made in U.S.A. Nul doute que certaines des historiettes décrites dans ce roman ont été vécues ou vues par HARRISON lui-même : il happe le lecteur pour ne le recracher qu’en dernière page. À ce propos la fin est magnifique, comme dantesque. Un sans faute pour ce deuxième roman d’HARRISON, une pure régalade estivale, exactement le genre de bouquins qui vous fait de l’œil en plein cœur d’une canicule, celui qu’il faut lire avec les glaçons qui font du bruit dans un verre, verre qu’il faudra poser car vos rires pourraient provoquer un dégoulinement du liquide un peu partout sur vous. Ce roman est un peu celui de la jeunesse américaine des années hippies, irrévérencieux, engagé et libertaire. Je reprendrais bien un glaçon.

 

(Warren Bismuth)