Jim HARRISON – « Légendes d’automne »

Jim HARRISON

 

L’un des auteurs Etats-uniens majeurs de la seconde partie du XXème siècle enfin dans L’HIRSUTE, il était plus que temps ! Le personnage de Jim HARRISON est une sorte de fascination à lui seul : buveur, fumeur, amateur de femmes, mais surtout empreint d’une liberté rare. Je vous conseille de prendre quelques minutes pour aller lire certaines de ses interviews, elles valent généralement le détour : homme solitaire, touchant, émouvant, blagueur au vécu douloureux, humaniste dégagé, sorte de libertaire bon vivant et individualiste, il nous a quittés l’an dernier (en 2106 donc). Bref venons-en à ce bouquin composé de trois novellas (longues nouvelles, ou dans le cas précis, de par les détails, l’écriture, il est plus prudent de parler de courts romans, ce format fut d’ailleurs la spécialité d’HARRISON qui écrivit près de dix livres regroupant toujours trois novellas), elles ont pour thème la vengeance. « Une vengeance » traite d’un homme qui tombe amoureux d’une femme, qui la désire, qui va même jusqu’à l’avoir dans son lit. Le problème est que cette femme est aussi celle d’un gros bonnet mexicain de la drogue qui va tenter de se venger par tous les moyens. Dans « Celui qui abandonna son nom », un quarantenaire a le sentiment d’être complètement passé à côté de sa vie : divorcé, il voit peu sa fille et son métier l’ennuie. C’est pourtant grâce à sa fille qu’il va rattraper le temps perdu par la boisson, la fumette, les excès, les femmes, mais surtout un petit « détail » qui va se révéler fort encombrant. « Légendes d’automne », ce sont trois frangins qui vont partir des Etats-Unis pour le Canada, petite étape avant la participation à la première guerre mondiale du côté de la frontière belge, enrôlés dans l’armée canadienne. On suivra en outre leur famille aux U.S.A., les désillusions, les changements au sortir de la guerre, les sensations de vie ratée, et bien sûr la vengeance qui se met en place. Trois novellas de grande qualité, comme un bon moyen pour (re) découvrir Jim HARRISON et sa verve particulière qui décrit son Amérique. Il plane toujours cet esprit de liberté cher à l’auteur : « Il s’inquiétait surtout de la manière dont la structure démocratique commençait à avilir les êtres plutôt que de les stimuler vers un certain altruisme. La structure ne tenait plus compte des objectifs pour lesquels elle avait été créée et cela était dû en partie au fait que tous les politiciens et tous les bureaucrates portaient des costumes ».

 

(Warren Bismuth)