ANDRÉ CAYATTE – (1909-1989)

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Le but de ce mini-dossier n’est pas de retracer la vie de l’homme André Cayatte ni de faire un focus sur la carrière du réalisateur, mais de partager quelques points de vue à propos de certains de ses films plus politiques ou sociaux. Le combat de sa vie, c’est celui contre la peine de mort, il y reviendra souvent dans ses films. Plus généralement, c’est la dénonciation d’une justice qui condamne à l’emporte-pièce, parfois sans discernement. Cayatte se mettra par sa plume et sa caméra avec lucidité dans la peau d’avocats neutres philosophant sur tous les points d’une condamnation qu’il aura mis en scène. On peut parfois rapprocher ses points de vue de ceux de Fritz Lang, Henri-Georges Clouzot (il en est parfois de même pour le visuel) sur le sujet, ou encore d’Hitchcock par ce côté très bien orchestré de la torture du spectateur par un suspense grandissant. Il peut même être vu comme le père spirituel de Costa-Gavras par ses prises de positions politiques (sur la politique française) assez tranchées. Les dialogues prennent une grande part à la réussite de ses films, souvent écrits par les immenses Charles Spaak ou autre Henri Jeanson. Ici nous nous contenterons de présenter 8 longs métrages ainsi qu’un court, sans oublier cependant que l’homme a réalisé plus de 30 films et que certains semblent totalement introuvables aujourd’hui. Par cette sélection, nous avons tenté de balayer toutes les périodes du réalisateur. Parmi les films visionnés, nous avons choisi de ne pas en présenter certains, pour diverses raisons. Parfois le film, malgré son côté social, nous a paru un ton en dessous de ce que peut habituellement proposer Cayatte (« Verdict » en 1974, avec pourtant Jean Gabin et Sophia Loren, mais scénario un peu simpliste et « téléphoné »). Parfois, malgré la qualité du film, le côté social ou politique apparaissait peu, voire pas du tout, comme dans les films suivants : « le miroir à deux faces», excellent film de 1948, assez visionnaire sur les conséquences relationnelles de la chirurgie esthétique dans un couple, avec un Bourvil bouleversant et une Michèle Morgan troublante de beauté froide. Mettons également de côté le « au bonheur des dames », adaptation de 1943, sympathique mais sans génie, du bouquin de Zola. Le diptyque « Roger la honte » et « la revanche de Roger la honte » (1946) semble assez maladroit quoique pas désagréable (mais Cayatte semble encore chercher son style), « les amants de Vérone » (1949), adapté de Shakespeare, sans grande envergure, « mourir d’aimer » de 1971 avec Annie Girardot, sent un peu trop le mélodrame, le sentimentalisme pour être proposé dans ce cycle. Quant aux « chemins de Katmandou » adaptés de Barjavel, il nous fut si pénible malgré ou peut-être à cause de la présence du duo Birkin/Gainsbourg qu’il ne vaut pas la peine d’être développé à mon goût. Les chroniques ci-dessous sont présentées d’une manière croissante selon la date de sortie du film, en espérant que ces petites présentations vous donneront envie de découvrir certaines de ces réalisations.

1948-le dessous des cartes

« LE DESSOUS DES CARTES » –  1947

Jeune contrebandier, Manu (Serge Reggiani) aide le banquier Géraudy (Enrico Glori), impliqué dans un scandale financier, à passer la frontière italienne. Pourtant en sécurité de l’autre côté des Alpes, Géraudy se pend, conscient que sa femme Florence (Madeleine Solonge) ne viendra jamais le rejoindre. Ce suicide implique le fait que sa femme ne touchera pas la forte prime d’assurance vie. Problème : sous le corps du pendu, il n’y aucun mobilier ni quoi que ce soit qui prouve qu’il s’est bien suicidé. Profitant de cette énigme, Florence fait appel à son ami, l’inspecteur Nansen (Paul Meurisse) pour qu’il imagine une mise en scène afin que le suicide puisse passer pour un crime perpétré par Manu. La dernière lettre écrite par Géraudy, avouant son suicide, récupérée par Fine (Jeanine Darcey), amoureuse de Manu, finit par tomber entre les mains de Nansen. Un jeu de chantage entre alors en jeu, et Manu va devoir se battre pour prouver son innocence, d’autant que Florence et lui ne sont pas insensibles l’un à l’autre.

Tourné en 1947, ce film noir d’André Cayatte pointe le doigt sur le flic ripoux prêt à tout pour l’argent, sur la femme froide et provocatrice dont l’absence de scrupules l’amène à des réactions odieuses, sur le chantage d’un représentant de l’ordre. La brochette d’acteurs au jeu très sobre fait mouche, et ce film peut être vu comme une version française de certains Hitchcock ou autres Fritz Lang.

1949-retour a la vie

« LE RETOUR DE TANTE EMMA » –  1949

Ce film de 15 minutes est extrait du film à sketches « Retour à la vie » où 4 réalisateurs (Cayatte, Clouzot, Lampin, Dréville) proposent 5 courts métrages avec comme thème commun le retour à la maison d’un homme ou d’une femme prisonniers durant la seconde guerre mondiale. Chez Cayatte, c’est tante Emma qui revient du camp de Dachau, affaiblie, apathique, livide. Sa famille, l’ayant attendue durant des années, veut aller au plus vite pour lui faire signer un contrat notarié afin d’empocher une forte somme d’argent. C’est le neveu Gaston (magnifique Bernard Blier) qui s’y colle pour obtenir la signature. Alors qu’elle est allongée, agonisante, il prend sa tante par les sentiments pour lui demander de bien vouloir signer l’acte. Tante Emma finit par accepter, son esprit loin de toute cette turbulence financière, loin de ce matérialisme de fort mauvais goût. Ce qui la préoccupe, c’est la mort de son chien durant la guerre. Splendidement filmé, d’une manière à la fois sobre et sombre, ce court métrage vaut aussi pour la prestation exemplaire des acteurs et actrices. Et la fin rappelle à bien des égards celle du « Citizen Kane » d’Orson Welles. On aurait tort de s’en priver.

1950-Justice est faite

« JUSTICE EST FAITE » –  1950

Ce film est un long procès, un fait divers presque banal : une femme, Elsa Lundenstein (Claude Nollier), a appliqué volontairement une dose létale à son amant en phase terminale, à la demande de celui-ci. La justice française va devoir trancher : s’agit-il d’un assassinat ? S’agit-il d’un acte héroïque de la part d’une jeune femme fatiguée de voir son bien aimé régresser de jour en jour ? Problème : cette femme n’est pas française, et l’on sort juste de la deuxième guerre mondiale, donc le nationalisme est exacerbé. De plus, c’est elle qui hérite de la fortune de son amant, et il l’avait mise au courant. Sept jurés sont désignés pour participer au procès avant de se prononcer. Peu à peu, on va faire connaissance avec chacun de ces jurés : tous ont un petit quelque chose qui cloche dans leur vie, tous vont être amenés à juger de manière subjective, avec toujours en filigrane leur propre histoire, leur propre vie, leur propre expérience, tout en se demandant comment ils auraient agi à la place d’Elsa, sans vraiment toujours tenir compte de ses arguments de défense. Un coup de théâtre vient ébranler l’accusée : la veuve du mort vient annoncer à la barre qu’en même temps qu’Elsa était la maîtresse du malade, elle l’était également d’un jeune homme.

Ce film est un chef d’œuvre sur le débat de l’euthanasie, tout y est traité, que ce soit pour ou contre. Le discours est nouveau pour l’époque, passionné, instruit, parfaitement développé tout au long de cette heure quarante-cinq. Le casting est d’une rare efficacité : Antoine Balpêtré en inoubliable président de tribunal, Noël Roquevert, Marcel Péres ou Raymond Bussières en jurés, les dialogues de Charles Spaak sont au cordeau, mais c’est bien sûr le thème qui frappe ici : n’oublions pas que le film est sorti en 1950, que le débat qu’il montre est incisif, violent. Et 65 ans après, force est de constater qu’il est encore loin d’être clos, et que les anti comme les pro euthanasie campent toujours sur des idées déjà évoquées dans ce film parfaitement bien documenté. Ne partez pas avant la fin, le monologue qui clôt « Justice est faite » est un moment rare du cinéma, une chair de poule assurée, d’autant qu’il est dit par Monsieur Pierre Fresnay.

1952-nous sommes tous des assassins

« NOUS SOMMES TOUS DES ASSASSINS » – 1952

René Le Guen (excellent Marcel Mouloudji) a rejoint la Résistance française durant la seconde guerre mondiale en pleine occupation allemande. Il a appris à tuer du nazi, de l’occupant, mais aussi du traître collaborationniste, le tout de sang froid. Toutefois il a gardé ce réflexe de faire justice lui-même après l’armistice. Après la guerre, il tue trois fois. Loin de passer pour un héros, il est écroué, condamné à mort, et attend, depuis sa cellule partagée avec 2 codétenus, une éventuelle grâce du Président de la République. Son avocat entre en action, et c’est à ce moment-là que tout se met à fonctionner à l’envers : l’avocat doit démontrer à la justice la culpabilité de son client pour le premier meurtre afin de le disculper des deux suivants, sachant que pour la partie adverse, il est clair que Le Guen est innocent de ce premier crime, et qu’il ne peut de ce fait y avoir concomitance entre celui-ci et les deux autres. Une partie de bras de fer et une guerre des nerfs se mettent en place.

Véritable arme contre la peine de mort, sujet fétiche de Cayatte, ce long métrage met en valeur le fait qu’un inculpé peut demander à s’accuser d’un meurtre afin de sauver sa tête, paradoxe génial du système judiciaire français du XXème siècle. Situation kafkaïenne pour un film malsain, tendu, où l’on vit au milieu de ces condamnés à mort, de ces codétenus dépressifs et désespérés (superbe Raymond Pellegrin) qui tremblent, hurlent au moindre bruit, avec ces matons plutôt humains (Paul Frankeur toujours proche de la perfection) et conscients de l’imminence de l’exécution capitale. Et ces visites au parloir de la famille avec des enfants en bas âge, ces situations impudiques, filmées pourtant simplement, sans cérémonie, au plus près de l’action. Cayatte trouve encore le génie de démontrer l’absurdité de la peine de mort grâce à une situation précise qu’il a choisie et embrouillée pour rendre le discours plus implacable encore, mettant le paquet sur les rôles secondaires qui servent impeccablement l’intrigue.

1960-le passage du rhin

« LE PASSAGE DU RHIN » – 1960

Roger Perrin (Charles Aznavour, formidable) et Jean Durieux (Georges Rivière, très bon aussi !) sont mobilisés durant la seconde guerre mondiale et vont finir par se rencontrer sur le front. Roger quitte donc son métier de boulanger et sa famille. Jean Durieux s’engage malgré son travail de journaliste, il veut combattre le nazisme. Tous deux vont être faits prisonniers ensemble et passent le Rhin. Là, ils sont affectés comme agriculteurs et leur situation est bien meilleure que celle de nombreux prisonniers de guerre. Cependant, ils désirent s’échapper. Jean séduit la fille du Bourgmestre, Helga (Cordula Trantow, un rien timide), puis s’échappe pour rejoindre la France. Roger décide de ne pas le suivre. Mais certaines aventures les attendent l’un et l’autre, pas toujours très gaies.

Cayatte met en scène la seconde guerre mondiale pour filmer d’un côté l’héroïsme, d’un autre l’acceptation de la condition de prisonnier. Il règle ses comptes au collaborationnisme mais ajoute un bémol à l’esprit de résistance à tout prix. Il revient en quelque sorte 11 ans plus tard sur le thème de son court métrage « Le retour de tante Emma » sur le retour de guerre et les difficultés à revivre normalement dans un pays dévasté par le nazisme et la collaboration. C’est bien sûr parfaitement filmé, les dialogues sont savoureux. Du vrai cinéma engagé, simple et lucide.

1963-le glaive et la balance

« LE GLAIVE ET LA BALANCE » – 1963

Un rapt d’enfant vient d’avoir lieu sur la côte d’azur. Les kidnappeurs réclament une forte rançon à la mère, la richissime madame Winter (Marie Déa). La police est prévenue pour intercepter ladite rançon une fois qu’elle sera en possession des truands. Mais rien ne se passe comme prévu, et la saisie rate. Deux silhouettes ont cependant pu être aperçues dans l’automobile qui a aidé à récupérer la mallette de billets. Les gangsters sont poursuivis par les forces de l’ordre, se réfugient dans un phare rapidement encerclé. Surprise : ce sont non pas deux, mais trois hommes qui sortent du phare : Johnny Parsons (Anthony Perkins), Jean-Philippe Prévost (Jean-Claude Brialy) et François Corbier (Renato Salvatori). Leur vie privée va être fouillée de fond en comble, les trois suspects ont quelques antécédents pouvant laisser penser qu’ils sont coupables. Pourtant, l’un de ses hommes est innocent, mais lequel ? Aucun témoin n’a reconnu formellement un seul des accusés. Le procès peut commencer. La justice va devoir trancher : condamner les trois suspects sachant qu’un au moins est innocent, n’en condamner que deux (mais lesquels, et lequel acquitter ?), ou innocenter les trois. Le jury délibère, la tension est palpable et les masques tombent.

Une fois de plus, Cayatte développe l’un de ses thèmes favoris, la présomption d’innocence, avec grand brio, à la manière d’un Fritz Lang. Film noir (et blanc) aidé par d’excellents dialogues de l’inévitable Henri Jeanson. Le titre aurait pu être « le doute doit bénéficier à l’accusé », phrase répétée en boucle en guise de générique final. D’ici là auront eu lieu maints retournements de situation qui nous démontreront une fois de plus la virtuosité de Cayatte, véritable pilier du film judiciaire engagé, de la plaidoirie précise et informée.

1967-les risques du mÚtier

« LES RISQUES DU METIER » – 1967

Paul Doucet (Jacques Brel, excellent !) est un instituteur aimé de ses élèves dans un village français. Pourtant, tout va basculer avec la plainte d’une de ses élèves, l’accusant d’attouchements. Si Doucet ne prend tout d’abord pas l’accusation au sérieux, il n’en va pas de même lorsque qu’une deuxième élève le dénonce pour viol. Une troisième viendra corroborer ces accusations en disant avoir été elle-même victime d’attouchements. Doucet se retrouve soudain dans une spirale infernale, pressée par les enquêteurs d’avouer ses crimes. Seule sa femme (Emmanuelle Rivat, parfaite) lui garde sa totale confiance et va tout mettre en œuvre pour tenter de l’innocenter. S’il est coupable, pourquoi a-t-il agi ainsi ? S’il est innocent, pourquoi ses élèves ont-elles menti ?

André Cayatte, toujours sobrement et pudiquement, dénonce les rumeurs qui s’amplifient dans un village, la population qui réagit, prête au lynchage collectif. Il met aussi en exergue cette parole d’enfants qui ne peut qu’être vraie, puisque les enfants n’ont apparemment aucune malice. Surtout il préfigure involontairement le fiasco judiciaire d’Outreau quelques décennies plus tard dans le nord de la France. Mais en toile de fond, c’est encore et toujours l’erreur judicaire, thème cher à Cayatte, qui est mise sur la sellette. Un discours qui fait mouche. Du grand Cayatte social et judiciaire, dans la veine de « justice est faite ».

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« IL N’Y A PAS DE FUMEE SANS FEU » – 1973

Une campagne d’élections municipales en banlieue parisienne, des dérapages, des morts, le tout commandité par l’équipe politique de Joseph Boussard (André Falcon). Dans cette ambiance délétère, le docteur Peyrac (Bernard Fresson) décide de se présenter contre Boussard. Les appuis de Boussard sont nombreux et fabriquent une machination : une photo truquée de la femme de Peyrac (Annie Girardot) participant gracieusement à une partouze chez des amis richissimes du couple. Mais Peyrac ne se retire pas, il fait appel à la justice pour laver son honneur et celui de sa femme. Mais le trucage de la photo n’est pas démontré (la société ayant effectué la recherche de faux se trouvant proche de Boussard) et Peyrac est ébranlé. Cependant il connaît le nom du photographe qui a pris le cliché original, puis collé la tête de madame Peyrac sur celle de l’une des participantes. Il tente de le retrouver pour le faire parler. Suite à un coup de téléphone nocturne, il se rend dans une sablière, où il retrouve en effet le photographe… assassiné. Il est accusé de meurtre, mais croit toujours en la justice et en la possibilité de se présenter contre Boussard. Les pressions montent du côté de l’équipe adverse, notamment par un bras droit machiavélique (superbement interprété par Michel Bouquet). Coincé sur plusieurs dossiers, Peyrac commence à douter de l’innocence de sa femme, la surenchère peut commencer.

Cayatte dénonce les coups bas lors d’élections. Il démontre qu’il est aisé de fabriquer de fausses preuves pour calomnier un adversaire et le réduire à néant, que les appuis de personnes ou organisations influentes sont un atout majeur, que la psychose peut naître d’une machination orchestrée par des politiques. Et même si certaines idées peuvent paraître poussives (n’y aurait-il pas eu moyen de simplement démontrer que, si la tête de madame Peyrac apparaissait sur la photo, c’était sur un corps qui n’était pas le sien ???), le fond est bien amené et il faut surtout se rappeler que ce film sorti en 1973 ne pouvait proposer les recherches scientifiques d’aujourd’hui. Du côté des acteurs, le casting est parfait et rend ce film résolument politique crédible et attrayant. A noter que l’assassinat du barbouilleur d’affiches électorales au début du film est inspiré d’un fait divers réel qui sera également repris par Pierre Granier-Deferre pour « Adieu Poulet » en 1975.

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« LA RAISON D’ETAT » – 1978

André Cayatte met en scène Jean Yanne dans le rôle de Jean-Philippe Leroi, marchand d’armes cynique et sans scrupules, Michel Bouquet campant un Francis Jobin, ministre froid et corrompu. La France, par le biais de ces deux collaborateurs, vend des armes à deux pays africains imaginaires (mais aux noms proches de pays existants) entrés en guerre l’un contre l’autre. Peu importe les moyens, seul le profit compte, faisant fi de la déontologie et appliquant sans scrupule une totale barbarie. Le professeur Marrot, biologiste émérite, vient d’établir la preuve de la vente indirecte de la France au second pays en guerre (ne pouvant pas armer officiellement les deux pays conjointement) par le truchement de contrats bidons qui ont transités par l’Etat italien, mais aussi de l’implication de l’Etat français dans la tragédie d’un avion abattu par des missiles français, avec à bord 240 enfants qui fuyaient la guerre dans leur pays. Marrot compte faire éclater un scandale d’Etat et en informe une amie italienne, Angela Ravelli, à qui il confie une copie du dossier qu’il vient d’élaborer. Mais il meurt soudainement d’un accident de voiture commandité par l’Etat français. Angela décide contre toute attente de démontrer la responsabilité de la France dans l’affaire des missiles. Cayatte s’attaque ici frontalement au phénomène de ventes d’armes par les gouvernements français aux pays africains. Dialogues précis et documentés, acteurs et actrices impeccables, et surtout, dénonciation sans concession du militarisme, de l’argent sale et des magouilles politiques. Comme souvent chez Cayatte, les faits sont fictifs mais lourdement inspirés de faits réels. Un film à l’ambiance souvent proche de certaines œuvres de Costa-Gavras, notamment celles des années 70, et ce rapprochement ne tient pas uniquement pour les costards d’époque.

(Warren Bismuth)