LES HOMMES DE L’OMBRE, SAISON 2

LES HOMMES DE L'OMBRE 2

LES HOMMES DE L’OMBRE, SAISON 2 ( 2014)

Après une très prometteuse première saison diffusée en 2012, la série a bien failli stopper brutalement son projet de triptyque. En effet, Nathalie Baye, le personnage principal de la saison 1, n’a pas souhaité renouveler son contrat, ce qui eut pour cause de devoir pour les scénaristes entièrement réécrire la saison suivante. Je vous passe les détails sur les diverses tractations et difficultés croisées qui s’apparentent à un véritable chemin de croix, notamment venu du fait que les scénaristes eux-mêmes ont préféré quitter le navire, ainsi que des personnages importants de la saison 1. Le but de cette mini-série politique française est donc de proposer un triptyque : une saison sur la campagne électorale, une saison sur l’exercice du pouvoir et une sur l’après pouvoir. La saison 1 s’était arrêtée sur le résultat gardé secret de l’élection présidentielle. Le personnage joué par Nathalie Baye étant au second tour au coude à coude avec son adversaire, et au vu de l’intrigue globale, il paraissait logique qu’elle incarne la première Présidente française pour la saison 2. Mais la dame Nathalie s’étant retirée de l’aventure, il a bien sûr fallu la faire perdre l’élection et imposer à l’écran un autre poids lourd féminin du cinéma français. C’est Carole Bouquet qui s’y colle, dans le rôle d’une première dame bipolaire, névrosée et décalée. Cette deuxième saison nous plonge donc au cœur de l’Elysée, puisqu’il est évident que cette série s’inspire directement de faits réels, même si s’ajoutent pas mal d’éléments fictionnels. Les rouages de la politique française sont ici mis à jour : relations avec les médias, coups tordus (et parfois foireux) en grand nombre, secrets d’Etat, blanchiment d’argent, inimitiés, relations hiérarchiques tendues, et bien sûr un peu d’histoires de cul pour attirer le chaland. La focalisation se porte sur un conseiller de l’Elysée et du poids souvent mésestimé qu’il possède au sommet de l’Etat, de son influence décisionnelle majeure, de ses faiblesses aussi. Les clins d’œil au réel sont bien sûr présents avec cette société de com’, Pygmalion, ou cette ville de Lorraine dont les sidérurgies vont fermer, voire ce suicide d’un ancien ministre au cœur d’un scandale d’Etat. Cette série est assez sombre, plutôt bien jouée, avec des jeux d’acteurs sobres et un scénario solide et bien informé qui rappelle une autre série politico-médiatique fort instructive qui ne connût qu’une saison en 2007 : « Reporters ». Nous avons parfois le sentiment de suivre, non pas une série fictionnelle, mais les infos en direct. Il paraît assez clair que l’ambition est de proposer un « Borgen » à la française, le résultat étant peut-être un chouya moins dense mais loin d’être dénué d’intérêt pour autant. La troisième et dernière saison est attendue de pied ferme.

(Warren Bismuth)