« Jimmy’s Hall » – Ken Loach

Jimmy-Hall

« Jimmy’s Hall » – Ken Loach – 2014 :

Ce long métrage est inspiré de la vie de Jimmy Gralton, activiste communiste et syndicaliste irlandais, originaire de Effernagh (comté de Leitrim). L’action se situe dans les années 30 et plus particulièrement entre 1932 et 1933, période où Jimmy Gralton est de retour en son pays après 10 ans d’exil aux USA. Durant cet exil outre Atlantique, il a été témoin de « La Grande dépression » de 1929 et de ses conséquences.

A peine arrivé dans la demeure familiale, où seule sa Mère est encore présente depuis le décès de son second fils, les jeunes de la région interpellent Jimmy pour remette sur pied et ouvrir de nouveau le Dancing, afin d’avoir « un endroit où il n’y a ni agent, ni prêtre pour leur donner des coups de triques. Un endroit pour danser ». Le « Hall », baptisé « Pearse – Connolly Hall », en hommage à James Connolly (Marxiste, révolutionnaire et syndicaliste, fusillé en Mai 1916 à Dublin), lui valu quelques déboires et son exil aux USA.

Soutenu par ses amis, Jimmy décide de remettre sur pied le « Pearse – Connolly Hall » avec l’aide de tous et sans moyens. Outre les bals de fins de semaines, on y apprend, le dessin, la danse, le chant en Irlandais, la boxe…Des lectures de poésies y sont organisées. De ces lectures qui « vous font réfléchir, vous font vous poser des questions ». Discuter politique, s’organiser pour la défense des familles expulsées font aussi partie des activités du « Pearse – Connolly Hall ». Toutes ses activités sont réalisées par des bénévoles et sont entièrement gratuites afin que même les plus démunis puissent y accéder. Les décisions sont aussi prises après concertation.

L’église, les propriétaires (unis en milices) voient le retour de Jimmy et la réouverture du dancing comme une menace sur leur mainmise de l’éducation et de leur pouvoir. Lors d’une réunion, une des activistes du « Hall »  précisera : « Nous savons bien qui sont nos adversaires : les prêtres et les propriétaires ».

Outre le fait de braquer les projecteurs sur cet homme qu’est Jimmy Gralton, Ken Loach nous fait découvrir quelques autres faits historiques, comme la grève et les manifestations de 1932 à Belfast (L’ Outdoor relief) où l’on pouvait voir ouvriers et chômeurs, catholiques et protestants défiler et combattre côte à côte. Il est aussi fait allusion aux « Wobblies », les adhérents de l’ IWW (Industrial Workers of the World – Syndicat international fondé en 1905 aux Etats-Unis, qui visait à l’abolition du salariat). Les Wobblies sont connus pour avoir développé le Wobbly Shop, une forme de démocratie en entreprise, et également mis en application d’autres formes de démocratie ouvrière, comme l‘autogestion.

Encore une fois, Ken Loach réussi son pari de nous émouvoir, tout en nous faisant réfléchir et nous poser des questions. Je conclurai avec les mots de Oonagh, petit amie de Jimmy avant son premier exil aux USA, qui en s’adressant à ses enfants tient ces propos : « Ce que vous apprenez, vous le garderez en tête pour toujours. Personne ne vous l’enlèvera ».

John Hirsute