Entretien avec la Fanzinothèque de Poitiers

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Quiconque s’est intéressé au fanzinat ou bien à la culture parallèle, « underground », en France, aura entendu parler de LA FANZINOTHEQUE de Poitiers. Ses activités n’ont cessé de croître, depuis 1989, de la feuille d’info de concerts « L’Arsenal » à l’archivage de documents de microédition (plus de 50.000 documents. Les plus anciens datant des années 60), en passant par la création d’un atelier de sérigraphie. L’Hirsute ne pouvait que rendre hommage à cet acteur, transmetteur, de culture parallèle diversifiée. D’autant plus que l’évocation de LA FANZINOTHEQUE, ne pouvait faire resurgir que d’excellents souvenirs, plus ou moins épiques et brumeux ! C’est Marie Bourgoin, activiste de la première heure, qui répond à nos interrogations. L’Hirsute la remercie chaleureusement, ainsi que LA FANZINOTHEQUE, pour les photos empruntées sur leur site web.

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1- Tous les lecteurs de l’Hirsute ne sont pas au fait, quant au « Do It Yourself », quelle définition du fanzine leur proposes-tu ?

Si je dois expliquer ce qu’est un fanzine à un parfait néophyte, je lui dirais que c’est un livre édité et diffusé à très peu d’exemplaires, par des gens qui ne sont pas payés pour le faire, qui font ça par plaisir. Ce sont des amateurs de rock, de BD, de science-fiction etc. Sa vocation commerciale est des plus médiocres, l’intérêt est ailleurs : faire partager une passion.

J’aime beaucoup ce terme d’amateur, qui rend compte à la fois de la passion et de la non-professionnalisation du fanzine. Le terme de fan, pour fanatique, exprime bien aussi la dimension un peu folle, excessive, de cette démarche.

Il était facile autrefois de différencier un fanzine d’un magazine juste à son aspect, du papier noir et blanc, une piètre qualité de photos, etc. C’est moins vrai aujourd’hui, n’importe qui peut se payer une couverture couleur et les impressions se sont grandement améliorées. Ce qui reste le critère de base, c’est la passion, l’intérêt énorme pour un objet culturel, aussi bien la furie du dessin que l’idolâtrie d’un groupe de rock. Les fan-clubs ont toujours publié des fanzines, fédéré un réseau d’admirateurs et de fans.

Le slogan punk do it yourself s’applique aussi bien pour la musique que pour les fanzines. Dans tous les cas, il s’agit d’être acteur et non consommateur. On fait soi-même, on s’autorise à penser, à écrire, à jouer des instruments sans l’aval d’aucune instance supérieure, c’est une grande bouffée d’oxygène.

Dans le cas des fanzines, c’est l’arrivée des photocopieurs en libre-service et le mouvement punk qui ont provoqué cette véritable explosion de fanzines, à Londres et partout en Europe, aux Etats Unis, etc.  Des centaines de titres ont paru, ont disparu, ont été remplacés par des nouveaux. Cette effervescence a duré une bonne vingtaine d’années, suivant les courants musicaux, au plus près des groupes, dans l’orbite de ce qu’on a appelé le mouvement alternatif pour la France, regroupant assos de concerts, émissions de radios, labels, musiciens, rock-critic enfin. Le fanzine est au cœur de l’action, à la base, et il a joué un rôle non négligeable pour la diffusion de la vague alternative française.

Ca m’ennuie en fait d’utiliser ce terme diy, maintenant galvaudé et vidé de son essence, je préfère utiliser débrouille, démerde, sans la référence anglo-saxonne dont les zines français se sont bien passé.

 

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Fanzine « Le Dékapsuleur » – Mai 1986

Crédit photo : La Fanzinothèque

2- Pour qu’un lieu existe depuis 27 ans et qu’il soit en constante effervescence, il faut une machine bien huilée et une équipe efficace. Peux-tu nous présenter « l’équipe » de la Fanzinothèque ?

En 27 ans, la Fanzinothèque est passée d’un salarié à mi-temps (Didier Bourgoin, premier directeur de l’association) à une équipe de 4 permanents en CDI plus un chargé de numérisation en CAE, et régulièrement l’équipe se renforce de stagiaires, volontaires européens et depuis peu service civique.

Nous sommes une petite équipe, mais pour Gilou et moi, présents depuis le début, la débrouille, c’est un art de vivre ! Gilou est le pivot de l’équipe, il s’occupe des finances et de toute la régie technique. Il est sollicité chaque fois (souvent) qu’on organise quelque chose, et il aime ça. Il trouve toujours les bons plans, c’est notre Mac Gyver. Moi, je suis aussi un pivot, mais décentré, dans la mesure où ma mission concerne rarement les événements locaux,  mais plus les relations extérieures (avec les fanzines, avec les recherches des étudiants, chercheurs ou particuliers).

A l’atelier de sérigraphie, beaucoup de personnes ont mis les mains dans l’encre, Manu, qui est resté longtemps, Billy, Toff… C’est maintenant Anne qui officie à la racle et elle gère bien, elle est cool. La dernière arrivée est Madame Lapin, qui remplace Cécile Guillemet à la direction de l’asso. Elle vient de Lyon où elle avait monté une petite fanzinothèque. Elle a plein d’idées et d’énergie.

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La Fanzinothèque – Rayon nouveautés

Crédit photo : iBooCréation

3- La Fanzinothèque, comme son nom l’indique, est un lieu où le fanzine est le thème central, mais pas seulement. Pourriez-vous nous parler de vos diverses activités ?

La Fanzinothèque utilise tous les moyens à sa disposition pour favoriser la reconnaissance de la petite presse, c’est le but ultime. Aider la création, c’est aider les auteurs, en montrant leur travail dans des expositions, collectives ou personnelles, en les guidant parfois dans leurs démarches, voire par de l’aide directe (photocopie etc.). Outre les expositions, nous organisons régulièrement de petits événements, des débats et des animations, création de fanzine en direct, fresque collective ou concert en lien avec le fanzine. L’atelier de sérigraphie est un instrument également de la découverte du fanzine, de la petite édition. Malgré la diversité des activités, tout tourne autour du papier et de l’édition.

4- Depuis la création de la Fanzinothèque en 1989, avez-vous remarqué une évolution au niveau des thèmes des fanzines. J’ai l’impression que les fanzines musicaux ont fait leur temps et que dorénavant les fanzines ayant pour thème la BD sont plus nombreux ?

C’est effectivement la réalité que tu décris : les fanzines rock sont bien moins nombreux aujourd’hui qu’il y a 20 ans. (400 titres recensés en 1990, 25 en 2016). La faute à internet, aux réseaux sociaux qui ont remplacé le papier pour des raisons évidentes de gratuité et de réactivité. Dans un premier temps, la chute a été spectaculaire : tous les fanzines rock passaient au web les uns après les autres, l’hécatombe ! Puis les choses ont évolué et certains webzines ont décidé de revenir au papier, ou plutôt, de rajouter une version papier expurgée, un best-of des meilleurs passages du site. C’est le cas de plusieurs titres comme EVERYDAY IS LIKE SUNDAY et d’autres, et, à y bien regarder, les fanzines rock participent maintenant d’une reprise en main d’une communication plus élaborée, et proposent en fait une grille, un filtre pour ne conserver que l’essentiel à leurs yeux. C’est comme le bouche à oreille, ça fonctionne toujours mieux qu’une pub tapageuse.

Les fanzines rock maintenant sont moins nombreux, mais plus riches, plus beaux car c’est désormais un choix artistique plus que journalistique, que satisfait la partie web. Les deux font bon ménage, l’info en direct sur internet, et le best-of imprimé, et qui acquiert la valeur de l’instant figé, l’instantané d’une période, d’un moment particulier désormais immobile mais immortel.

Deuxième temps de ce mouvement, et de manière concomitante, l’explosion des fanzines liés aux arts visuels. Baisse des coûts d’impression ? Intérêt accru pour le dessin et le graphisme ? Pression amicale des enseignants des Ecoles d’Art, toujours est-il que ce type d’édition est en pleine vogue.

Il y a toujours eu deux courants dans la bande dessinée et le graphisme, les fanzines de bande dessinée et les fanzines sur la bande dessinée, et souvent un mix des deux, une partie interviews et dossiers, une partie BD des auteurs maison.

Les fanzines de BD, ceux qui parlent de la bande dessinée, des sorties d’albums, qui écument les festivals BD en quête d’interviews des grands auteurs, ceux là n’existent presque plus, et pour les mêmes raisons que les rockzines. Actuellement c’est l’extinction presque totale (restent heureusement GORGONZOLA, SCARCE et quelques vaillants rescapés) du magazine périodique, et de son contenu informatif et érudit.

Les micro-éditions actuelles présentent plutôt les propres travaux des éditeurs, avec parfois des ouvertures à d’autres artistes extérieurs, et se confondent à l’occasion avec un book d’auteur. Ca n’est pas une nouveauté mais c’est la dominante actuelle dans la petite édition. Ces livres auto-produits font ainsi office de tremplin pour les jeunes dessinateurs et artistes. Il y a aussi une sorte de frénésie de l’édition, artisanale ou non, que je ne m’explique pas vraiment.

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Fanzine BD – « BURP »

Crédit photo : La Fanzinothèque

5- Tout périodique qui est édité à plus de 100 exemplaires est soumis au dépôt légal, ceci afin de créer une collection qui est consultable à la Bibliothèque Nationale de France. L’archivage des fanzines à la BNF, cela vous parait nécessaire ? Encouragez-vous les créateurs de fanzines à obtenir un N° ISSN ?

La plupart du temps, les fanzines ne durent pas assez longtemps pour obtenir un n° d’ISSN, ils n’en ont d’ailleurs jamais entendu parler. Les fanzines les plus anciens de notre fonds, ceux du début 80 et d’avant, ont souvent un n° d’ISSN dans la mesure où ils ont dû passer par un imprimeur professionnel pour l’édition, et cet imprimeur est tenu de respecter les mentions légales, même quand c’est une petite imprimerie de maison de quartier. Dès lors que les photocopieurs ont été en libre service, cette formalité a disparu. Les fanzines se montrent plutôt hostiles à cette forme de « récupération » par le système, ils évoluent dans l’underground pour s’y opposer parfois, ou au moins proposer une autre manière de vivre, de faire, ils craignent aussi la censure.

Après, chacun fait comme il veut. Si on me demande des infos sur le dépôt légal et le n° d’ISSN, je donne les infos et je renvoie vers les sites concernés. Je ne positionne pas là-dessus.

6- Dans certaines bibliothèques universitaires aux USA, on y trouve des fanzines (Je pense aux fanzines « Riot Grrrl »). Existe-t-il l’équivalent en France, en Europe ?

On avait invité pour les 20 ans de la Fanzino Jenna de l’université Barnard College à New York qui dirige une collection de fanzines sur le thème très spécifique de fanzines réalisés par des femmes de New York et/ou urbaines et particulièrement des femmes de couleur. A Londres le Colley Club est plus un centre social dans un quartier défavorisé, à Lisbonne, la Bedeteca est consacrée aux fanzines BD, la Petite Fanzinothèque Belge est surtout consacrée à la BD belge, le CIRA à Lausanne possède une belle collection de fanzines et magazines anarchistes. Tu le vois, tous les cas sont différents, en général, le fanzine entre dans une thématique dont il est une composante, mais pas la seule.

 Pendant des années à Toulouse La Médiathèque Associative a conservé une belle collection de titres, mais la partie fanzinothèque a disparu faute de moyens en 2010 environ. Dommage.

D’autres lieux alternatifs proposent des fanzines, à Lyon, à Bordeaux, à Paris, mais c’est encore trop rare. ArchivMontreal est un projet personnel de Louis Rastelli à Montréal, le plus proche du projet de la Fanzinothèque de Poitiers, en ce qu’il englobe aussi bien la BD que le Rock et la politique.

En France ça commence un peu à changer au niveau des bibliothèques. Quelques bibliothèques municipales, à Paris, Forney dans le 4ème et Marguerite Duras dans le 20ème constituent des collections de fanzines BD et graphiques, mais l’exploitation de cette ressource reste à la marge, et dépend du bon vouloir de la direction et du personnel. Cependant, la qualité des ouvrages s’étant nettement améliorée, il devient envisageable pour une bibliothèque de leur accorder quelque crédit.

La Fanzinothèque a ceci d’unique qu’elle est la seule bibliothèque non spécialisée dans un genre particulier, mais englobe toute production de type fanzine et auto-édition. Comme tu le soulignes, il existe des lieux consacrés aux fanzines rrriot girls, ou féministes, ou anarchistes, ou consacrés à la bande dessinée, à chaque fois, les lieux se spécialisent dans un type de revues, tant est vaste la production des fanzines.

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« 1ère rencontre internationale de Fanzinothèque » – Mai 2009

Crédit photo : La Fanzinothèque

7- Avez-vous des contacts avec vos homologues à l’étranger ? Avez-vous des projets communs ?

En 2009 on a organisé la première Rencontre Internationale de fanzinothèques, un événement dans le genre (transcription des Rencontres sur le site de la Fanzino). L’occasion de découvrir d’autres pratiques, voire d’autres approches du fanzinat. Des liens se sont noués en particulier avec les fanzinothèques du sud de l’Europe, Italie, Espagne, Portugal. Plus tard des relations fructueuses avec Louis Rastelli de ArchivMontreal et  Fernanda Meireles de la Zineteca à Fortaleza (Brésil) ont permis d’échanger points de vue et découvertes du pays. On est présents au Crack Festival (micro-édition graphique) à Rome depuis plusieurs années, après avoir squatté le festival de Sierre en Suisse quelques temps également, on reste proches du fanzine slovène Stripburger, avec qui on a déjà bossé et qui mène un travail remarquable sur la BD underground des pays d’Europe Centrale, et j’en oublie.

Des projets communs ? Oui, échanges d’expos, rencontres, trocs de fanzines. Mais pour ce qui concerne des partages de catalogue, ou un catalogue commun, on a essayé mais c’est trop compliqué à mettre en place, trop de paramètres différents, trop d’obstacles, la langue déjà…

8- Internet et la vulgarisation des PC chez les particuliers, ont-ils eu un impact sur le « fanzinat » ? Tout comme les magazines papier et les journaux en ont souffert ?

L’impact est général, pour le papier comme pour le disque ou le cinéma. On a pris l’habitude de ne plus posséder un objet mais simplement de pouvoir y accéder facilement, via des plateformes comme youtube, deezer ou des webzines. Malgré la facilité d’utilisation d’internet, on se rend vite compte que l’info est longue à sélectionner, tout de même, et on peut souhaiter la conserver sous la main. Ce tri sélectif des infos, et l’envie de les coucher sur papier. C’est le cas pour plusieurs fanzines qui reviennent au papier sans pour autant renoncer aux avantages d’internet. Finalement, ce n’est pas plus mal d’un point de vue écologique, on redonne une valeur au papier, on ne l’utilise qu’à bon escient, pour garder ce qui vaut la peine d’être gardé.

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Fanzine – « Film Horreur »

Crédit photo : La Fanzinothèque

9- En 2016, la Fanzinothèque quitte le Confort Moderne pour un nouveau local. Qu’est-ce qui a motivé cette migration ?

II ne s’agit pas d’une migration, mais d’un transfert provisoire, le temps des travaux de réhabilitation du Confort Moderne. Nous retrouverons nos locaux, tout neufs et plus vastes, dans l’enceinte même du Confort Moderne où nous sommes depuis le début, et où nous avons naturellement notre place, entre les locaux de répétitions, le disquaire, les concerts et les expositions d’art contemporain.

Dans l’intervalle de temps, nous avons trouvé refuge dans une boutique du centre-ville, assez grande pour héberger un tiers de la collection environ, le disquaire du Confort et l’atelier de sérigraphie modèle réduit. Ca nous amène des nouvelles personnes, des gens qui ne nous connaissent absolument pas, et qui découvrent… et quelques boulets aussi !

Mais je préfère retourner au Confort, ça fait des années que nos locaux sont trop petits, qu’on ne sait plus comment tout loger, et encore moins mettre en valeur la collection, qu’on a des inondations à répétition, qu’on est situé au fond d’un couloir sombre, à côtés des chiottes !

Enfin de la place, de la lumière, un lieu à nous où exposer, c’est un super projet, on a hâte d’y être (inauguration prévue pour septembre 2017).

 

10- Parmi les différentes activités de la Fanzinothèque, on trouve un atelier de sérigraphie. Pourriez-vous nous en dire plus sur son fonctionnement et ses activités ?

L’Atelier de sérigraphie existe depuis 1994, c’est le prolongement artistique et créatif de l’asso. On a monté cet atelier d’abord pour faire nos propres tirages et expérimenter. Et aussi pour aider les groupes locaux en proposant des tarifs très bas pour les affiches, autocollants, pochettes de disques etc. Artistique et solidaire. L’atelier tourne toute l’année à plein régime, tirages, ateliers scolaires, démos sur des événements avec un petit atelier ambulant, les projets n’arrêtent jamais.

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« Atelier pédagogique de sérigraphie en Russie »

Crédit photo : La Fanzinothèque

11- La fanzinothèque édite-t-elle son propre fanzine ?

En 27 ans, on a éclusé quelques formules !

Au commencement était ARSENAL. Avant même la naissance de la Fanzinothèque, Arsenal existait déjà, et a duré pendant 20 ans, de 1987 à 2005. C’était une newsletter inforock petit format, gratuite, diffusée dans toute la région autour de Poitiers.

Parallèlement au réseau rock dans lequel nous étions fortement impliqué, le travail de recensement des fanzines n’était pas négligé et donnait lieu deux fois par an à un REPERTOIRE DES FANZINES MUSICAUX FRANÇAIS, diffusé auprès des fanzines et des groupes pour cibler leur promo. Ces guides sont désormais des indicateurs privilégiés pour comprendre l’évolution des fanzines et des genres musicaux.

On a toujours édité des fanzines, tous les ans à Angoulême on réalisait un fanzine live avec les stands, et sur des festivals comme à Marmande ou Lusignan, y’ au le Capt’ain Did Speakin’, en 94/95, newsletter estivale envoyée à tout le réseau fanzine, je ne peux pas tout citer. En 2007/2009, j’ai fait MA GROSSE MARMITE consacré aux fanzines reçus, sans compter des éditions pour nos expositions ou autres. J’ai par exemple réalisé un livret de 100 pages sur 30 ans de fanzines à Poitiers, un collègue (salut Thomas) a réalisé une chouette brochure à partir de la collection UK/USA qu’il a dépouillée… Ce sont des petites éditions, peu diffusées comme de juste, mais qui vont rester dans les archives de la Fanzinothèque, plutôt comme outils d’analyse.

Depuis 4 ans, on propose des Apéro-Zines ouverts au public : on se cale sur un concert au Confort pour toucher plus de monde, et on en fait aussi dans d’autres endroits. Les résultats sont inégaux, mais parfois rigolos, c’est plutôt convivial comme truc.

Là je refais un petit fanzine qui reprend mes chroniques sur facebook. A la base, c’est plus pour moi, pour retrouver rapidement mes textes ; sur facebook, ça prend des kilomètres, c’est relou. J’ai publié 3 numéros en un mois et demi, à 10 exemplaires, et ça a plu au disquaire par exemple, c’est comme un guide de lecture, il a voulu voir les fanzines dont je parlais, c’est cool le papier quand même !

12- Depuis Septembre 2015, la Fanzinothèque a une nouvelle corde à son arc : le « Fanzinobus », quel est donc cette nouvelle activité ?

Madame Lapin la nouvelle directrice est arrivée avec un Fanzinobus dans ses bagages,.C’est comme son nom l’indique, un bibliobus aménagé, destiné désormais à proposer des fanzines à différentes occasions, concerts, festivals ou bibliothèques, selon des thèmes choisis ou pas. Il a servi récemment à accueillir une exposition de photos dans un quartier de Poitiers, et il est sorti deux autres fois cette année, en centre-ville de  Poitiers et dans une Médiathèque.  C’est encore nouveau et ne demande qu’à se développer…

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« Le fanzinobus »

Crédit photo : La Fanzinothèque

13- La numérisation des collections patrimoniales de la Fanzinothèque est un projet d’envergure et de longue haleine ? Qu’en est-il actuellement ? Nous avons déjà numérisé plus de 2000 fanzines, en lecture directe via le catalogue en ligne.

Le choix s’est porté tout d’abord sur les documents les plus abîmés, sur les documents les plus sollicités également, et sur les grands formats. Un autre axe a été également de se cantonner au domaine de la musique, et enfin nous ne numérisons que des documents anciens, qui ne sont plus disponibles à la vente depuis longtemps. Pas question de faire de la concurrence aux fanzines actuels et aux distros qui les font vivre !

Je dois dire que le choix des fanzines qui seront mis en ligne est assez délicat. Les fanzines que nous connaissons encore, comme Patrice de NEW WAVE ou Maxwell du LEGUME DU JOUR ont tous donné leur accord de grand cœur. Je m’efforce dans la mesure du possible de retrouver les auteurs, mais ce n’est pas toujours simple.

Pourquoi le choix des fanzines rock ? Parce que ce sont les plus sollicités, les recherches documentaires que je mène, via la base de données en ligne DOC’ROCK concernent presque toujours des groupes de rock. Pour de la documentation, cf le bouquin que vient d’écrire Rudy Charis sur THE HELLACOPTERS (éd.Camion Blanc), des articles sur KORTATU,  WARUM JOE, ou ZABRISKIE POINT, pour ne citer que les dernières demandes. De fait, la numérisation suit parfois les demandes documentaires qu’on nous fait, c’est une manière comme une autre de faire avancer les choses !

Pour le domaine de la bande dessinée, ça se corse car ils sont plus sourcilleux sur le droit d’auteur. Certains auteurs comme THIERRY GUITARD ou ROTRINGO ont accepté direct la proposition, mais j’avoue que ce n’est pas ma priorité. Cependant, des fanzines rarissimes méritent une sauvegarde numérique. C’est ce que nous avons fait pour presque toutes les publications de STEPHANE BLANQUET, hors les livres.

Pour les fanzines de rock, je pense avoir fait le tour des meilleurs documents. Tout n’est pas intéressant dans les fanzines, y’a plein de numéros franchement pas terrible, ça vaut pas le coup de les montrer en ligne, mais ils sont dûment recensés et archivés : ça participe aussi de la masse de documents sur les murs de la Fanzinothèque !

En levant le pied sur la mise en ligne, nous partons maintenant plus sur de la sauvegarde, là on fait BONGOUT et LE DERNIER CRI, des livres d’art en sérigraphie, qui perdent les trois-quart de leur valeur sur écran, mais ça a le mérite de proposer une trace de ces publications éditées à très peu d’exemplaires, et de réduire la manipulation de ces graphzines qui se dégradent à la longue. Il y a matière à plusieurs années de travail tant le fonds graphique est lui aussi imposant et parfois unique.

14- Les fanzines numérisés sont-ils consultables en ligne ?  

Je pense avoir répondu à cette question au-dessus !

15- Les inconditionnels du papier n’ont-ils pas vu d’un mauvais oeil que l’on numérise leur fanzine ? Certains ont-ils refusé cette possibilité ?

Tu parles d’inconditionnels du papier, ils ne sont pas nombreux ! Pour la plupart des fanzines, ce qui compte, c’est le contenu, pas l’enveloppe ! Je peux te citer PLUS JAMAIS MALADE EN AUTO qui il y a déjà une bonne dizaine d’années, aux balbutiements des scanners, était ferment opposé à ce transfert de support, et de manière argumentée, mais franchement, en général, les gens font confiance ou s’en foutent, ils sont même souvent contents, voire flattés, qu’on attache encore de l’importance à leurs écrits de jeunesse. Et même parfois, ils nous demandent une copie numérique parce qu’ils ont perdu leurs exemplaires !

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« Ménage à 3 » (collectif franco-espagnol)

Crédit photo : La Fanzinothèque

16- Je suppose que vous avez déjà, pour l’année 2017, des nouveaux projets, une nouvelle programmation ?  

Bien sûr ! Le gros chantier qui se profile pour mi-2017 sera de prendre possession de nos nouveaux locaux, de les aménager, mobilier, rayonnages, salon de lecture, etc. De ramener tous les fanzines et tout l’atelier de sérigraphie disséminés dans Poitiers, ça va nous occuper un bout. Mais rien ne nous empêchera de proposer des événements dans ce nouvel espace d’exposition, ce lieu que nous n’avons jamais eu propre, ne restera pas inoccupé, crois-moi ! A la rentrée nous proposons une expo d’art contemporain à la Maison de l’Architecture à Poitiers, épisode 2 de CONSTELLATIONS qui s’est tenue cet été à Bordeaux avec l’asso Disparate, et qui est déjà programmée à Paris en octobre 2017.

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« Flyer Constellations »

Crédit photo : La Fanzinothèque

Contacts :

http://www.fanzino.org/

https://www.facebook.com/La-Fanzinoth%C3%A8que-908458002519278/

 

 

Warren Bismuth & John Hirsute